C'est la star des manipulateurs, la crème de l'imposteur, le nec plus ultra de la violence sous différentes formes, le champion toutes catégories du lavage de cerveau. On l'appelle "pervers narcissique (PN)" où encore "manipulateur pervers narcissique (MPN)".
Si cette appellation est devenue courante au point d'être banalisée et mise un peu à toutes les sauces, le véritable PN représenterait environ 3 à 10 % de la population selon certains auteurs. Et contrairement aux idées reçues et autres croyances populaires, il y a autant de femmes que d'hommes à classer dans cette catégorie.
Mais ce fameux PN, qui fait trembler sa victime et détruit tout sur son passage, laissant sa proie exsangue parfois avec de graves troubles et séquelles psycho-affectives, qui est-il vraiment ?
- Apparition du concept :
C'est le psychiatre et psychanalyste français Paul-Claude RACAMIER qui l'identifie en 1986. Il décrit un mécanisme de défense qui consiste en une surévaluation de soi-même aux dépens d'autrui : "Le mécanisme pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes, et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d'autrui."
En 1989, Alberto EIGUER lui aussi psychiatre et psychanalyste français, apporte un nouvel éclairage sur la perversion narcissique qu'il qualifie de "cas particulier de la pathologie du narcissisme". Il ne parle pas alors de mécanisme pervers narcissique mais de mouvement, décrivant ce qu'est une personnalité perverses narcissique.
Puis, en 1998, ce sont les travaux de Marie-France HIRIGOYEN sur le harcèlement moral qui vont rendre accessible au plus grand nombre cette notion.
La difficulté est, qu'aujourd'hui, le terme est devenu un véritable fourre-tout et se vide bien souvent de son sens. Dans les entreprises, dans les relations de couple, au sein de la famille, on voit des PN partout, quitte parfois à friser le ridicule : Votre voisin se gare mal devant chez vous ? C'est un pervers narcissique. Votre patron vous refuse une augmentation alors que vous travaillez sans compter vos heures ? C'est un pervers narcissique. Votre épouse refuse vos avances sexuelles alors que vous avez le sentiment de tout faire pour elle ? C'est une perverse narcissique. L'un de vos amis prends ses distances avec vous depuis qu'il vit une nouvelle relation amoureuse ? Il est sous l'emprise d'une manipulatrice...
La thérapeute comportementaliste Isabelle NAZARE-AGA établi une liste de 30 caractéristiques inhérentes au PN, et estime qu'il faut en réunir au moins 14 afin de pouvoir être qualifié en tant que tel. Dans son analyse de la relation perverse au sein du couple, elle expose que le/la pervers(e) narcissique va tenter de couper son/sa conjoint(e) de son entourage, et tenter de détruire sa confiance en lui/elle pour mieux le/la manipuler quitte à le/la détruire.
Il convient de rappeler qu'un diagnostic fiable ne peut être posé que par un spécialiste qualifié, de préférence un médecin psychiatre, au risque d'affirmer tout et n'importe quoi.
La pathologie comprend deux aspects : les troubles narcissiques et la perversion.
Le trouble de la personnalité narcissique se caractérise par un besoin excessif d'être adulé, et à une forte tendance à la mégalomanie et à l'égocentrisme. Ceci complété par un faible degré d'empathie vis-à-vis d'autrui, voire même dans les cas les plus graves, à une jouissance certaine à faire souffrir l'autre et à le voir souffrir.
La quête excessive de reconnaissance est un autre marqueur de ce trouble, avec un besoin insatiable d'être admiré. Pour ce faire, il n'hésitera pas à écraser l'autre pour tenter de se rehausser.
Le PN est très soucieux de son apparence et de son image, cherchant en permanence à avoir l'air parfait, le paraître est plus important que l'être.
Le PN présente une forte tendance à vouloir satisfaire ses désirs et besoins aux dépens des autres , et donc d'utiliser les qualités d'autrui à ses propres fins, voire à se les approprier.
Il ne reconnaît pas à l'autre la possibilité d'avoir des intérêts propres, il ne cherche pas à ressembler à l'autre mais à le détruire. Il est généralement très aimable à l'extérieur, en société et lorsqu'il cherche à séduire. Mais il s'avère terriblement destructeur dans la relation duelle. Il ne se remet jamais en question et excelle à se fait passer pour la victime.
Un PN présente donc à la fois une personnalité marquée par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion morale.
Comme souvent, on retrouve un ou plusieurs traumatismes dans l'enfance avec le parent du sexe opposé mais également avec celui de même sexe, entrainant des difficultés de développement psychique et de construction de Soi. Et pour se protéger d'une souffrance excessive pouvant entraîner une décompensation, le PN notamment en utilisant le déni et en projetant sur autrui ses propres pensées, croyances et autres comportements, érige ainsi un système de protection contre la psychose.
Le mode opératoire est toujours le même : séduction, emprise psychologique et/ou affective, manipulation et destruction.
Conclusion :
Oui, le PN existe vraiment, dans différentes déclinaisons et à divers degrés.
Ce qui est plus fréquent en revanche, ce sont des mécanismes de manipulation perverses mises en place dans un contexte particulier par des personnes apparemment saines.
La véritable perversion narcissique est une maladie mentale qui ne se guérit pas, le malade étant dans le déni total de la maladie il est impossible de lui venir en aide. D'ailleurs, il n'en demande pas car, selon lui, le problème c'est toujours l'autre. Comme indiqué plus haut, il s'agit d'un mécanisme qui vise à lui éviter de basculer dans la folie en la projetant sur autrui. Ce que l'on appelle l'identification projective.
Il joue sur les peurs d'autrui car il n'a pas son pareil pour détecter les failles sur lesquelles il va bâtir sa stratégie manipulatoire.
Mais au fond de lui, il ne s'agit que d'un enfant capricieux, d'une coquille vide souvent doublée d'une personne sans grand courage.
Un gamin tyrannique de 5 ans coincé dans un corps d'adulte.
Le PN ne peut exister que grâce à l'importance que sa victime lui donne. Comme dans la plupart des relations, l'autre n'a sur soi que le pouvoir que l'on veut bien lui accorder. Sans victime, pas d'emprise ni de manipulation possible.
C'est une danse à deux, mais qui n'est pas joyeuse.
Pour aller plus loin : "Les pervers narcissiques" - Jean Charles BOUCHOUX, (2009) ; "Mettre les pervers échec et mat" - Hélène VECCHIALI (2014) ; "Divorcer d'un manipulateur" - Christel PETITCOLLIN (2012) ; " Enfants de manipulateur, comment les protéger ?" - Christel PETITCOLLIN (2015) ; "Le pervers narcissique et son complice" - Alberto Eiguer ( 2012) ; "Les pervers narcissiques : récits et témoignages" - Christine Calonne (2019).
Rodolphe PAUZANO
Cabinet HYPNERGETIC
400, Chemin de l'Aubère
13100 Aix en Provence
C'est la star des manipulateurs, la crème de l'imposteur, le nec plus ultra de la violence sous différentes formes, le champion toutes catégories du lavage de cerveau. On l'appelle "pervers narcissique (PN)" où encore "manipulateur pervers narcissique (MPN)".
Si cette appellation est devenue courante au point d'être banalisée et mise un peu à toutes les sauces, le véritable PN représenterait environ 3 à 10 % de la population selon certains auteurs. Et contrairement aux idées reçues et autres croyances populaires, il y a autant de femmes que d'hommes à classer dans cette catégorie.
Mais ce fameux PN, qui fait trembler sa victime et détruit tout sur son passage, laissant sa proie exsangue parfois avec de graves troubles et séquelles psycho-affectives, qui est-il vraiment ?
- Apparition du concept :
C'est le psychiatre et psychanalyste français Paul-Claude RACAMIER qui l'identifie en 1986. Il décrit un mécanisme de défense qui consiste en une surévaluation de soi-même aux dépens d'autrui : "Le mécanisme pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes, et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d'autrui."
En 1989, Alberto EIGUER lui aussi psychiatre et psychanalyste français, apporte un nouvel éclairage sur la perversion narcissique qu'il qualifie de "cas particulier de la pathologie du narcissisme". Il ne parle pas alors de mécanisme pervers narcissique mais de mouvement, décrivant ce qu'est une personnalité perverses narcissique.
Puis, en 1998, ce sont les travaux de Marie-France HIRIGOYEN sur le harcèlement moral qui vont rendre accessible au plus grand nombre cette notion.
La difficulté est, qu'aujourd'hui, le terme est devenu un véritable fourre-tout et se vide bien souvent de son sens. Dans les entreprises, dans les relations de couple, au sein de la famille, on voit des PN partout, quitte parfois à friser le ridicule : Votre voisin se gare mal devant chez vous ? C'est un pervers narcissique. Votre patron vous refuse une augmentation alors que vous travaillez sans compter vos heures ? C'est un pervers narcissique. Votre épouse refuse vos avances sexuelles alors que vous avez le sentiment de tout faire pour elle ? C'est une perverse narcissique. L'un de vos amis prends ses distances avec vous depuis qu'il vit une nouvelle relation amoureuse ? Il est sous l'emprise d'une manipulatrice...
La thérapeute comportementaliste Isabelle NAZARE-AGA établi une liste de 30 caractéristiques inhérentes au PN, et estime qu'il faut en réunir au moins 14 afin de pouvoir être qualifié en tant que tel. Dans son analyse de la relation perverse au sein du couple, elle expose que le/la pervers(e) narcissique va tenter de couper son/sa conjoint(e) de son entourage, et tenter de détruire sa confiance en lui/elle pour mieux le/la manipuler quitte à le/la détruire.
Il convient de rappeler qu'un diagnostic fiable ne peut être posé que par un spécialiste qualifié, de préférence un médecin psychiatre, au risque d'affirmer tout et n'importe quoi.
La pathologie comprend deux aspects : les troubles narcissiques et la perversion.
Le trouble de la personnalité narcissique se caractérise par un besoin excessif d'être adulé, et à une forte tendance à la mégalomanie et à l'égocentrisme. Ceci complété par un faible degré d'empathie vis-à-vis d'autrui, voire même dans les cas les plus graves, à une jouissance certaine à faire souffrir l'autre et à le voir souffrir.
La quête excessive de reconnaissance est un autre marqueur de ce trouble, avec un besoin insatiable d'être admiré. Pour ce faire, il n'hésitera pas à écraser l'autre pour tenter de se rehausser.
Le PN est très soucieux de son apparence et de son image, cherchant en permanence à avoir l'air parfait, le paraître est plus important que l'être.
Le PN présente une forte tendance à vouloir satisfaire ses désirs et besoins aux dépens des autres , et donc d'utiliser les qualités d'autrui à ses propres fins, voire à se les approprier.
Il ne reconnaît pas à l'autre la possibilité d'avoir des intérêts propres, il ne cherche pas à ressembler à l'autre mais à le détruire. Il est généralement très aimable à l'extérieur, en société et lorsqu'il cherche à séduire. Mais il s'avère terriblement destructeur dans la relation duelle. Il ne se remet jamais en question et excelle à se fait passer pour la victime.
Un PN présente donc à la fois une personnalité marquée par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion morale.
Comme souvent, on retrouve un ou plusieurs traumatismes dans l'enfance avec le parent du sexe opposé mais également avec celui de même sexe, entrainant des difficultés de développement psychique et de construction de Soi. Et pour se protéger d'une souffrance excessive pouvant entraîner une décompensation, le PN notamment en utilisant le déni et en projetant sur autrui ses propres pensées, croyances et autres comportements, érige ainsi un système de protection contre la psychose.
Le mode opératoire est toujours le même : séduction, emprise psychologique et/ou affective, manipulation et destruction.
Conclusion :
Oui, le PN existe vraiment, dans différentes déclinaisons et à divers degrés.
Ce qui est plus fréquent en revanche, ce sont des mécanismes de manipulation perverses mises en place dans un contexte particulier par des personnes apparemment saines.
La véritable perversion narcissique est une maladie mentale qui ne se guérit pas, le malade étant dans le déni total de la maladie il est impossible de lui venir en aide. D'ailleurs, il n'en demande pas car, selon lui, le problème c'est toujours l'autre. Comme indiqué plus haut, il s'agit d'un mécanisme qui vise à lui éviter de basculer dans la folie en la projetant sur autrui. Ce que l'on appelle l'identification projective.
Il joue sur les peurs d'autrui car il n'a pas son pareil pour détecter les failles sur lesquelles il va bâtir sa stratégie manipulatoire.
Mais au fond de lui, il ne s'agit que d'un enfant capricieux, d'une coquille vide souvent doublée d'une personne sans grand courage.
Un gamin tyrannique de 5 ans coincé dans un corps d'adulte.
Le PN ne peut exister que grâce à l'importance que sa victime lui donne. Comme dans la plupart des relations, l'autre n'a sur soi que le pouvoir que l'on veut bien lui accorder. Sans victime, pas d'emprise ni de manipulation possible.
C'est une danse à deux, mais qui n'est pas joyeuse.
Pour aller plus loin : "Les pervers narcissiques" - Jean Charles BOUCHOUX, (2009) ; "Mettre les pervers échec et mat" - Hélène VECCHIALI (2014) ; "Divorcer d'un manipulateur" - Christel PETITCOLLIN (2012) ; " Enfants de manipulateur, comment les protéger ?" - Christel PETITCOLLIN (2015) ; "Le pervers narcissique et son complice" - Alberto Eiguer ( 2012) ; "Les pervers narcissiques : récits et témoignages" - Christine Calonne (2019).
Rodolphe PAUZANO
Cabinet HYPNERGETIC
400, Chemin de l'Aubère
13100 Aix en Provence