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Sexfriending : bonne ou mauvaise idée ?

Le phénomène a pris une telle ampleur, y compris outre-Atlantique, que les américains en ont tiré (si j'ose dire..) plusieurs comédies.

 

Si les œuvres cinématographiques sont plutôt sympathiques et divertissantes, la réalité s'avère bien souvent très différente.

 

Besoin de vivre le grand frisson, transgression de l'interdit, simple recherche de réconfort, réalisation de fantasmes, désir de vengeance ou tout simplement envie de tenter une expérience pour "faire comme tout le monde", la pratique du  sexfriending raconte toujours une histoire sur soi, et se révèle bien moins attrayante que ceux qui l'ont expérimentée comptaient en retirer (décidément…).

 

Focus sur une pratique pas si fun et anodine qu'il n'y paraît.

 

  •  Un sexfriend, kézako ? :

Il s'agit d'un homme ou d'une femme avec laquelle on a des rapports sexuels sans aucun engagement, sans être en couple, sans promesse ni obligation de fidélité, et bien sûr sans attachement. Une personne que l'on fréquente de quelques fois par semaine à quelques fois par mois, uniquement pour partager du sexe avec elle.

Bien souvent, il s'agit de quelqu'un de l'entourage proche, personnel ou professionnel. Mais avec le développement d'internet, des réseaux sociaux et autres sites de rencontres, il existe aujourd'hui des sites webs spécialisés où il est très facile de rencontrer quelqu'un qui cherche la même chose que soi. 

Les motivations de chacun(e) sont très personnelles et suffisamment variées pour avoir démocratisé ce phénomène.

 

  •  Les raisons d'une telle démocratisation :

Nous vivons à l'heure du plaisir immédiat, dans une société dans laquelle "on nous propose, d'avoir des quantités de choses, qui donnent envie d'autre chose" comme le chantait si bien Alain Souchon dans Foule Sentimentale. 

Nous consommons de tout, de plus en plus rapidement, et dans des quantités de plus en plus importantes. Nous vivons dans l'ère du "jetable", soumis aux diktats sociaux et autres phénomènes de mode. Les relations entre humains font à présent partie des produits de consommation courante. 

Par conséquent, on veut aussi du sexe, du plaisir, "la petite mort", on y a droit, c'est les médias et la société qui l'ont dit ; alors c'est forcément vrai...Et une fois consommé(e), on jette, parfois après quelques utilisations si l'on juge le produit de bonne facture où si l'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent.

 

Une autre explication réside dans la peur de l'engagement. En clair, je veux prendre du bon temps et ne pas m'embarrasser du reste. Pas de contrainte, pas d'obligation, la liberté totale en revers du plaisir.  Nous aborderons plus loin, justement, cette notion de plaisir.

 

Qui parle d'Amour avec un grand "A", parle de risque de souffrir. C'est bien connu, l'amour ça peut faire autant de bien que de mal. Vous imaginez un peu ? Prendre le risque de s'attacher et donc de souffrir...brrrrr….ça fait froid dans le dos…. 

Alors qu'entre sexfriends la question ne se pose pas. Les bases sont définies clairement dès le départ et il ne saurait être question de sentiments, en tous les cas, en théorie.

Et puis, la relation est provisoire, et le fait qu'elle ait un terme la rend paradoxalement rassurante.

 

Finalement, c'est peut-être une bonne idée ?

 

  •  L'essence de la relation :

Si tout le monde y trouve son compte, pourquoi pas ? Sauf que…..

 

Pour avoir abordé ce sujet avec mes ami(e)s (avec lesquelles je ne couche pas, soit dit en passant….), au cours de séances en cabinet et en y confrontant mon expérience personnelle (qui ne regarde que moi, merci) ; ce sont toujours les mêmes constats qui reviennent :

  1. Quand la relation se termine, les 2 partenaires ne restent pas amis. C'est souvent la rencontre de quelqu'un qui débouche en relation amoureuse qui sonne le glas de la supposée amitié post-sexuelle ;
  2. Au moins l'un des deux s'ennuie dans la relation, trouve que c'est répétitif et vite lassant ;
  3. Passées les premières fois, avec toute l'excitation fantasmatique projetée, le plaisir physique est loin d'être à la hauteur des espérances ;
  4. Un des deux commence à développer des sentiments et, de fait, le contrat est rompu ; 
  5. Au moins l'un des deux, souvent la femme, se sent utilisée et salie ;
  6. On obtient un plaisir physique supérieur ou égal avec la masturbation (et une bonne imagination) ;
  7. Avoir des relations sexuelles avec quelqu'un sans sentiments conduit à polluer la relation initiale si on connaissait la personne auparavant ;
  8.  Avoir des relations intimes avec une personne sans la connaître revient à hypothéquer sérieusement la possibilité de faire naître une idylle par la suite, car les codes de la séduction ne sont pas respectés. Cela peut tout de même arriver, mais c'est extrêmement rare car souvent chacun pose sur l'autre un regard peu propice à l'épanouissement d'une saine relation.
  •  Alors, on en pense quoi ? :

Finalement, chacun voit midi à sa porte et le choix d'entrer dans ce genre de relation reste très personnel.

Mais il ne faut pas se leurrer ; les relations intimes engagent toujours forcément autre chose que du sexe. Si l'on parle de plaisir physique, il ne faut pas oublier qu'il s'agit dans ce cas là d'un simple frottement d'épidermes qui provoque la libération d'une tension. Ou pas.

Or, c'est vrai chez la femme mais aussi chez l'homme assertif et évolué, on ne livre pas uniquement ses organes génitaux dans une relation intime. Il s'agit aussi de la rencontre de deux personnes différentes, de deux histoires, de deux coeurs et de deux âmes, de deux énergies compatibles ou non. Et lorsque l'échange se limite au mélange des corps, il n'est pas étonnant de rester sur sa faim et de trouver ça trés rapidement peu satisfaisant. Alors ok, il est aussi question de phéromones, l'attirance et le plaisir échappent aussi à la froide rationnalité. Mais dans combien de cas ? La technique est elle suffisante pour monter au septième ciel et y conduire l'autre ? Clairement, la réponse est non.

 

Pour moi qui suis un fervent défenseur de l'Amour, avec un côté sentimental qui m'a parfois coûté trés cher émotionnellement mais que je ne quitterais pour rien au monde malgré tout, il ne peut y avoir de fusion des corps que lorsqu'il y a aussi fusion des coeurs et des âmes.

 

Avoir un sexfriend peut faire partie d'une expérience de vie enrichissante, mais ne peut être satisfaisant que de façon provisoire ou lorsque l'on est au début de sa vie sexuelle et que l'on se contente de peu, par manque de comparaison.

 

L'avantage d'avoir un vécu, c'est aussi d'avoir suffisamment d'expérience pour savoir à l'avance que ce genre de relation est très rapidement lassante et décevante.

 

Rodolphe PAUZANO

Cabinet HYPNERGETIC

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